Aline
Un film de Valérie Lemercier, sortie en salles novembre 2021. 2h06.
Le film, prévu pour mars 2020, arrive sur les écrans 18 mois plus tard. Aline, sous ses allures de comédie populaire réussie, est un film plus étrange qu’il n’y paraît.
Fausse autobiographie de Céline Dion d’abord : ce sont bien ses chansons, mais (fidèlement) réinterprétées par la chanteuse Victoria Sio. C’est bien sa vie, mais avec des scènes inventées. Valérie Lemercier se transforme physiquement pour l’occasion, imite le jeu de scène et le chant de Céline Dion, mais pas au point de singer son modèle. Aline Dieu, personnage principal omniprésent, devient une sorte de monstre, hybride de l’actrice-réalisatrice et de la star planétaire.
Humanité
Aline souligne aussi bien le perfectionnisme et l’audace de la réalisatrice – qui joue Aline à tous les âges de sa vie – que le mystère du don vocal et du talent absolu de Céline Dion. En filigrane, transparaît la fascination de Valérie Lemercier pour son modèle, mais aussi l’humanité du personnage, moins impressionnante, faite de timidité, de doutes, de souffrance parfois. Et c’est sans doute de là que naît l’émotion que l’on peut ressentir, même sans apprécier le répertoire de la chanteuse.
Derrière le succès
Le film commence et se termine sur la belle et triste chanson Ordinaire de Robert Charlebois : « Je suis pas un chanteur populaire/j’suis rien qu’un gars ben ordinaire ». Tout l’enjeu est là : poser mine de rien la question du spectacle et de l’illusion qu’il donne, du décalage entre l’image d’Aline sur scène, conquérante et habitée, et sa solitude croissante au fur et à mesure que son succès s’affirme. Sa carrière est tracée par sa famille, qui met en scène son talent dès son enfance dans les réunions familiales, puis par son imprésario et bientôt mari, Guy-Claude. Aline suit le mouvement, heureuse de les voir heureux, mais regimbe assez vite devant les contraintes d’un succès qui la dépasse et l’emprisonne.
Sans moquerie, mais pas sans malice ni humour, le film montre une femme qui veut simplement, envers et contre tout, aimer l’homme qu’elle a choisi, et avoir des enfants avec lui. « Si je n’ai pas d’amour, je ne suis rien de plus qu’un métal qui résonne ou qu’une cymbale bruyante… »