Bonjour – Bénédiction
Il est facile de dire bonjour à quelqu’un que l’on rencontre si on le connaît bien et, à plus forte raison, si on l’aime.
Mais il est beaucoup moins fréquent, de nos jours, d’adresser ce simple petit mot à une personne que l’on ne connaît pas ; de le faire gratuitement, par simple bienveillance, parce que celui que l’on croise est un frère ou une sœur en humanité. Il n’est pas rare, après avoir adressé un salut, d’avoir pour seule réponse un visage fermé ou un silence buté. Cela en dit long sur la qualité des rapports dans nos sociétés, urbaines surtout. Par contre, il est plus fréquent, à la campagne, d’obtenir une réponse spontanée teintée de cordialité à une simple salutation.
Dire bonjour, c’est tout simplement dire du bien à quelqu’un, étymologiquement lui adresser une béné-diction (bene dico). Par conséquent on peut, avec le philosophe Emmanuel Levinas, « Le visage de l’autre » affirmer que « toute rencontre commence par une bénédiction contenue dans le mot bonjour. Ce salut adressé à l’autre est une invocation ... Quand bien même il y aurait malveillance [de sa part], l’attention, l’accueil de l’autre comme sa reconnaissance, marque l’antériorité du bien sur le mal. »
Alors, que l’on nous réponde ou non, notre bénédiction sera quand même signe que nous reconnaissons l’autre dans son être profond, digne d’être béni. Une manière de donner corps, tout simplement à ce commandement du Maître : « Aimez-vous les uns les autres. »
Ne nous privons pas, en ce temps de Noël de multiplier les cadeaux gratuits en « disant du bien » par nos bonjours. Et que ce ne soit pas seulement dans nos SMS, mais oralement. Nous aurons bien souvent la surprise de voir un visage s’illuminer ; en retour nous pourrons accueillir le bonheur de recevoir, nous aussi, une bénédiction.