De Luther à Luther King
Durant trois jours, les 28, 29 et 30 juillet, les frondaisons du Mas Soubeyran, plus habituées à entendre résonner les cantiques de l’assemblée du Désert, ont servi de décor à un féerique Son et Lumière. Musiciens, figurants, choristes, acteurs ont fait revivre l’histoire de la liberté de conscience.
Trois soirées qui ont laissé dans les mémoires des spectateurs des étoiles pleins les yeux. La gageure était de taille. Un an de préparation, 500 participants (acteurs, chanteurs, musiciens et surtout les techniciens), les initiateurs du spectacle, Samuel Amédro et Jean-Paul Pascal pour les textes et la mise en scène mais aussi Éric Gallia pour la musique, ont eu de l’ambition et ils ont eu raison. Il faut aussi remercier l’association des amis du scoutisme en Cévennes, à l’origine du projet.
Une histoire de la liberté de conscience
En ce 500ème anniversaire de l’affichage des 95 thèses par Martin Luther, quel plus bel hommage que cette histoire de la liberté de conscience. Onze panneaux, dix personnages historiques qui ont influencé l’évolution de la tolérance et de la liberté de conscience en Europe, mais aussi aux États-Unis.
Des panneaux classiques, mettant en scène Martin Luther dans ses grandes heures, Martin Luther King dans ses grands discours ou bien encore Henri IV déboulant dans son carrosse quelques instants avant son assassinat par Ravaillac.
Émotion au rendez-vous
Des panneaux forts en intensité. Il faut remercier les organisateurs d’avoir mis sur le devant de la scène un Sébastien Castellion (un peu pleurnichard) mais dont nous devons tous nous rappeler sa plus grande phrase, « Tuer un homme ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme », lors de la défense de Michel Servet contre Jean Calvin. Un Pierre Bayle qui influença l’esprit des philosophes des Lumières. Un William Penn, quasi inconnu en France, qui, en fondant l’État de Pennsylvanie, a laissé aux indiens leurs terres et leurs traditions. (Qu’en feront ses descendants ?). Un Rabaut Saint-Étienne qui s’exclame devant la Constituante aux heures libérées de la Révolution, « Ce n’est la tolérance que nous voulons, c’est la Liberté. » Et de terminer par le panneau qui fut peut-être le plus émouvant, celui retraçant l’arrestation du pasteur Trocmé et l’accueil des enfants juifs par les communautés du Plateau autour du Chambon-sur-Lignon.
Étonnement et méditation
Deux panneaux restent étonnants. Dans celui retraçant la vie de Ferdinand Buisson, père de la laïcité et prix Nobel de la paix, il est surprenant que l'on parle de lui sans le voir et surtout de traiter de ce sujet lors d'une fête à Paris au Lido. Et le dernier, le plus déroutant, Louis XIV… Même si les protestants, à cause ou grâce à la Révocation de l’Édit de Nantes, ont combattu pendant un siècle pour retrouver leur liberté de conscience, mettre à l’honneur le signataire de ce texte est plus que troublant.
Il faut souligner aussi l’incroyable talent des danseuses qui, les unes après les autres, entre les tableaux, ont tenu en haleine les spectateurs par leur grâce. Leur rôle : la conscience. Un moment de méditation et de prise de conscience pour tous les spectateurs.
Une soirée absolument exceptionnelle pour les 4500 spectateurs qui ont eu la chance d’avoir leur place avant la fermeture des guichets. Rêvons tous que, pour ceux qui n’ont pu y assister, de nouvelles soirées puissent s’organiser.