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Histoire de la châtaigne

01 juillet 2017

La châtaigne pousse depuis des millénaires sur les pentes escarpées des régions du sud de la France. Après avoir connu une baisse de 90 % de sa production au cours du XXe siècle, de 140 000 tonnes par an à 40 000 t, la châtaigne et sa culture renaissent ces dernières années.

Elle évoque l’enfance. Son nom à lui seul diffuse de doux parfums légèrement grillés, des fumets qui courent entre les stands et les étals des fêtes foraines hivernales. On la confond parfois avec un lointain cousin, lui aussi évocateur des souvenirs de l’enfance : le marron d’Inde, lui toxique. La châtaigne est présente dans de larges régions du sud de la France dans lesquelles elle a joué un rôle important pendant des siècles, tout autant que l’arbre qui la produit : Ardèche, Corse, Limousin, Cévennes, Lubéron… L’escarpement des terrains favorables à sa culture et sa longévité font de lui le synonyme des résistances dont il a été témoin (huguenots, résistants de la Seconde Guerre mondiale…).

Feuille de châtaignier sur le chapiteau d'une église du XIIIe s.
©wikicommons

Une histoire millénaire

Derrière le nom générique de châtaigne, castanea en latin, se cache en réalité une diversité insoupçonnée. Parmi les variétés existantes, le plus grand nombre sont des châtaignes dont les graines contenues dans les bogues comportent plusieurs fruits séparés, cachés sous l’enveloppe brun-rouge, appelée le tan. Le marron quant à lui ne contient qu’un seul fruit par graine, ce qui en fait un candidat idéal pour être travaillé entier ou de façon plus industrielle. En France, près de 65 variétés de châtaignes, dont une dizaine de marrons, sont cultivées. Le châtaigner est une variété endémique qui a ensuite été sélectionnée et améliorée pendant des siècles. La présence de la châtaigne, dans les régions où elle est cultivée en abondance, doit certainement beaucoup à la présence des Romains, croisant des variétés italiennes et des variétés locales. Le travail des moines défricheurs des Xe et XIe siècles a ensuite probablement aidé à la diffusion de cet arbre et de son fruit.

L’arbre à pain

Grâce à sa richesse nutritionnelle et à la possibilité de la conserver tout au long de l’année, la châtaigne a permis d’éviter bien des disettes et elle y a gagné ses surnoms flatteurs d’arbre à pain ou d’arbre de la providence. Arrivée à maturité au mois d’octobre, elle était consommée fraîche jusqu’au mois de décembre. Celles qui étaient cueillies juste avant maturité étaient conservées au sec, espacées et étalées sur des lits de branches et de feuilles où elles finissaient de mûrir lentement et pouvaient être consommées jusqu’au mois de mars. Enfin, une partie de la récolte était séchée et pouvait être consommée jusqu’à la récolte suivante. Toutes les parties de l’arbre étaient par ailleurs utilisées : dans l’alimentation des animaux ou pour leur litière, dans le bois de chauffe comme le bois de menuiserie, dans la construction comme pour les piquets des clôtures…

 

Une richesse perdue

Le châtaignier et la châtaigne ont donc représenté une véritable richesse pendant des siècles. La châtaigne séchée fut même employée comme une monnaie pour régler impôts et taxes au même titre que le blé ou le sel, comme cela est attesté dès 1313 dans la Charte des Vans, par exemple. Au cours du XXe siècle, en revanche, la culture castanéicole s’effondre : la Première Guerre mondiale signifie la perte d’une grande partie de main d’œuvre, l’industrialisation découvre que le bois de châtaigner peut fournir une teinture facile à obtenir et les châtaigneraies sont rasées pour fournir les filatures, deux maladies déciment les plantations, la châtaigne devient aussi rapidement synonyme d’une vie rude et simple que même le monde rural souhaite laisser derrière lui en adoptant de nouveaux modes de vie et de nouveaux arbres fruitiers. 

Mais, symbole de résistance, la châtaigne est de retour sur les étals et dans les assiettes grâce à l’acharnement de certains passionnés qui font redécouvrir l’intérêt et la richesse de ce fruit millénaire.

Gérald MACHABERT
journal Réveil

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