Lieux de paix – 12 –

Je suis entré dans l'église, je n'y ai vu personne

08 février 2019

Il est des lieux qui sont des haltes de silence et de vide dans nos vies trop remplies. L’église romane de Saint-Voy est l’une de celles-ci. Le silence et le vide de ce lieu remplissent autrement nos vies.

« Je suis entré dans l’église, et je n’y ai vu personne… » C’est le début d’une ballade romantique et nostalgique de Francis Cabrel. C’est aussi tout à fait ce que j’ai ressenti la première fois que je suis entré dans l’église de Saint-Voy, jolie chapelle romane du XIIe siècle sur la colline qui surplombe le village du Mazet-Saint-Voy et qui a été confiée aux Diaconesses de Reuilly lorsqu’elles sont venues s’installer dans cette commune. Sur le Plateau de la Haute-Loire, pays de montagne, la petite communauté des diaconesses au Moûtier-Saint-Voy vit sa vocation de prière et d’accueil dans un contexte ecclésial très varié. Leurs journées sont rythmées par cet accueil, le travail artisanal et le silence. Cette petite église de Saint-Voy traduit à elle seule cette réalité de silence, d’accueil et de dialogue œcuménique, vécus en simplicité.

L’église de Saint-Voy, une église où le vide est plein (© DR)

Je suis entré dans l’église, et je n’y ai vu personne… La première fois que j’ai poussé la porte de l’église de Saint-Voy, je venais de boucler une série de rencontres pour une formation à internet sur ce Plateau de Haute-Loire. Une série de trois formations de deux heures chacune, encore deux heures de voiture à parcourir pour rentrer chez moi. Avant de me mettre en route, je décidai de faire une halte dans cette petite église avant de prendre part à la célébration avec la Communauté des Diaconesses. Alors que la journée n’avait été que course et vitesse, autour de la question d’internet où l’immédiateté est de mise, une fois la porte de la bâtisse romane franchie, je ressentais face au vide de son aménagement un profond sentiment de paix. Alors que notre société nous pousse toujours plus au « je n’ai pas le temps », ce lieu offrait l’occasion de se poser, de prendre le temps, de ressentir le temps.

 

Je suis entré dans l’église, et je n’y ai vu personne… Il n’y avait rien non plus, ou presque. Les murs sont vides, les volumes ne sont soulignés que par la lumière qui traverse les quatre fenêtres du fond du chœur, il n’y là qu’une table de communion et un lutrin. Sur ce dernier, une Bible ouverte à la lecture du jour qui émaille les temps de prières qui rythment la journée de la communauté. Sur la table, seulement une bougie éteinte ainsi que la coupe et le plat vides. Chacun de ces éléments souligne à la fois le vide et les pleins que nous sommes invités à ressentir et à vivre. La Bible nous renvoie évidemment à la Parole, mais pas une parole désincarnée, puisque le texte est celui qui est « mastiqué » tout au long de la journée, dans la prière et dans tous les moments de la journée, par les sœurs de la Communauté et les visiteurs qu’elles accueillent. La bougie éteinte invite à laisser briller en nous la lumière véritable qui vient éclairer les recoins obscurs de notre vie. Le plat et la coupe vides viennent rappeler que dans le chemin de l’unité auquel les Églises sont invitées, la pleine communion n’est pas encore accomplie.

 

Je suis entré dans l’église, et je n’y ai vu personne… rien que la paix et le silence auxquels le lieu m’appelait.

Gérald Machabert
rédacteur en chef de Réveil

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