Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc

Visitée par les saints, elle est en butte à l’incrédulité de ses proches. Bruno Dumont, inspiré par les mystères médiévaux, assisté du musicien électro-pop-rock Igorr et du chorégraphe Decouflé, vole à son secours, fillette de 8 ans puis adolescente de 13 ans escortée de son amie Hauviette. Il marie, de façon qui décontenance d’abord puis convainc, la poésie inspirée et répétitive de Péguy avec les mélodies composées par de lumineuses jeunes actrices et chantées a capella : incantations mystiques, mêlées aux bruissements du vent et aux bêlements des moutons, baignant dans une musique heavy metal. Cet opéra cinématographique, création audacieuse parsemée de burlesque, à la fois délirante et maîtrisée, transcende superbement les frontières entre sacré et profane.

Ce film musical ambitieux est né de la rencontre improbable entre un cinéaste puissant et original, ancré dans les paysages et la rude humanité des Hauts de France, et un poète, Charles Péguy, intellectuel socialiste engagé et catholique rebelle. Depuis vingt ans, aucun des films de Bruno Dumont, souvent primés, n’a laissé indifférent : « Je tiens à ce que mes films restent suspendus entre ciel et terre » dit-il ; et, passionné aussi par Bernanos ou Claudel, « Je crois beaucoup à la puissance poétique du christianisme ».

Depuis Méliès en 1900, l’histoire de Jeanne d’Arc a souvent retenu l’intérêt des cinéastes. Mais sa jeunesse nous est peu connue et c’est la naissance de sa vocation qui est ici proposée, d’après Domrémy, première partie d’une pièce de théâtre et Le mystère de la charité de Jeanne d’Arc, poème plus tardif.