Au fil des textes

L’Ascension. Un récit à décrypter

01 mai 2018

Retrouvez, mois après mois, le commentaire sur l’un des textes bibliques abordés au cours du mois dans la liste des lectures bibliques proposées par « la Bible en 6 ans ».

« Hommes de Galilée, vous restez là à regarder le ciel. Pourquoi donc ? Jésus vous a quittés pour aller vers le ciel. Et il reviendra de la même façon que vous l’avez vu aller vers le ciel. » (Actes 1.11)

(© Wikimedia)

Sans Luc, nous n’aurions point de fête de l’Ascension ! Il est le seul à raconter l’élévation de Jésus, par deux fois : à la fin de son évangile et au début des Actes (Actes 1.1-14). Les deux récits présentent des différences. Luc nous invite ainsi à ne pas lire ses textes littéralement. En fait, il a eu l’audace de transformer en récit, ce que Paul proclame : « Dieu l’a souverainement élevé » (Philippiens 2.9). La vérité théologique est que Jésus appartient désormais au monde de Dieu. Luc nous la donne ici à voir. La culture de son temps saisit le sens symbolique de ces récits. Dans le monde juif, on se référait à l’ascension d’Élie ou d’Hénoch ; dans le monde gréco-romain, à la montée au ciel de héros ou au passage dans l’espace sacré par élévation de certains empereurs (littéralement apothéose). De façon polémique, Luc affirme que la seigneurie céleste de Jésus surpasse celle du Seigneur empereur ! Et, après cette élévation, le Ressuscité instruit pleinement ses disciples avant de les quitter. Pour les rabbins, quarante jours symbolisent un temps d’apprentissage complet. La nuée qui dérobe Jésus aux yeux des disciples évoque bien sûr la présence divine, comme dans l’Exode. Jésus est absorbé dans le monde divin. Désormais, il est présent aux siens spirituellement et non de façon matérielle.

 

À vous de jouer

Le récit d’Actes 1 ouvre l’avenir. L’ascension apparaît comme une parousie à l’envers. La parousie, c’est le retour du Christ à la fin des temps. De même que Jésus est parti dans le monde de Dieu, de même il reviendra (Actes 1.11). Mais l’espace temporel qui s’ouvre ne doit pas être passif. L’essentiel est le temps qui s’ouvre devant eux, devant nous, le temps du témoignage. « Vous serez mes témoins » : promesse et ordre décisifs. Pour cela, les disciples seront équipés. L’Esprit leur sera donné. Le témoignage s’ouvre au monde entier, de Jérusalem jusqu’aux extrémités de la terre. Les deux hommes en blanc (Actes 1.10-11), comme au tombeau vide, renouvellent cet ultime envoi en mission du Christ. Pas question de passer son temps à scruter le ciel. À nous d’agir dans cet espace temporel qui va du départ du Seigneur à son retour. Jésus vivant, glorieux, sera mystérieusement présent auprès des siens. Jésus s’efface pour que nous entrions en action !

 

Françoise PUJOL,
pasteure dans le Lauragais

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