Allemagne

L’Église protestante de Berlin rejette l’abolition de l’impôt ecclésiastique

01 février 2018

Le parti « Die Linke » du Land de Berlin a réclamé la suppression de l’impôt ecclésiastique. L’Église protestante s’y oppose.

L’Église protestante de Berlin a rejeté les demandes du parti Die Linke, qui réclamait une suppression de l’impôt ecclésiastique et la fin des privilèges de l’institution vis-à-vis du droit du travail. Ces exigences témoignent d’une position confuse sur la neutralité de l’État vis-à-vis des communautés religieuses, a expliqué l’Église protestante de Berlin-Brandebourg-Haute Lusace silésienne. La pratique institutionnelle de la neutralité positive ne s’applique pas qu’aux Églises chrétiennes, mais aussi à d’autres communautés religieuses, particulièrement musulmanes et juives - ainsi qu’à l’Association humaniste à partir de cette année.

 

Toutes les communautés religieuses et idéologiques ont le droit de lever un impôt dans la mesure où elles représentent des communautés publiques. C’est ainsi que l’État garantit la liberté religieuse, élément important des droits fondamentaux dans une société plurielle, et assure la capacité de ces communautés à s’y développer, poursuit la déclaration.

 

La cathédrale de Berlin (© Wikimedia Commons)

Une séparation institutionnelle

Ce débat a été lancé par Sebastian Schlüsselburg, député de Die Linke du Land de Berlin, qui réclame une séparation institutionnelle de l’Église et de l’État au vu de la diminution du nombre de fidèles dans la capitale. Le fait que moins d’un quart de la population berlinoise fasse encore partie d’une Église signifie qu’il est enfin temps de remettre en question certains privilèges accordés par l’État à ces institutions, a déclaré le parlementaire au quotidien Neues Deutschland. L’impôt ecclésiastique doit être aboli. Les droits fondamentaux et les droits du salarié doivent aussi s’appliquer dans les Églises et les communautés religieuses, ainsi que les organisations qui en dépendent, souligne également Sebastian Schlüsselburg. Cela vaut tout particulièrement pour le droit de grève, la loi régissant les relations sociales dans l’entreprise et le droit à l’avortement.

 

Des commissions paritaires pour réguler

La neutralité de l’État a aussi un impact sur le droit des sociétés religieuses de régler leurs affaires de manière autonome en matière de droit du travail, a rétorqué l’Église régionale. Depuis quarante ans, le dialogue social au sein de l’Église se fait via le système de la troisième voie. Les conditions de travail sont définies au sein de commissions paritaires basées sur le partenariat et l’égalité des travailleurs et des organismes employeurs. En 2012, une tentative des députés de Die Linke au Bundestag de faire supprimer les privilèges des Églises vis-à-vis du droit du travail s’était déjà soldée par un échec. D’après les statistiques officielles, en 2016, à peine 16 % des Berlinois appartenaient à l’Église protestante. Pour ce qui est de la communauté catholique, ce chiffre était de 9 %.

 

ProtestInter

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