L’étranger
Je fouillai ma mémoire.
Je ne savais pas d'où il venait.
Je le croisai, ce matin-là, d'un regard d'une profondeur que je ne reconnaissais pas…
Sombre, indéchiffrable, mystérieuse… comme la nuit d'un soir de pluie sans lune.
Il me devait de garder ses distances ! S'il approchait…
Je fouillai encore.
J'ignorais probablement son langage.
Les mots sont un monde en eux-mêmes… ils appartiennent à tout le monde et pourtant ne parlent jamais que d'une seule voix.
J'aimerais bien en parler d'autres.
Je creusais.
Plus je m'enfonçais à la recherche du point de rencontre et plus je m'éloignais d'une quelconque surface de contact.
Le secret était peut-être à fleur de peau ?
Qui sait si ce qui émane de soi n'a pas une âme, à défaut de respirer d'un seul cœur ?
Mais au fond de soi stagne la solitude.
Au fond du plus identique ne règne que la ressemblance des échos qui se renvoient leur propre image…
Qui sait si ce que je reçois de l’autre n’inspire pas mon cœur, à défaut de toucher mon âme ?
Mais autour de soi s’impose la rassurance.
Autour des plus identiques ne règne que la ressemblance des résonances qui se renvoient leur propre pensée…
Avais-je jamais su ?
Comme si « savoir » devait précéder « accueillir »…
alors qu'une fleur se cueille d'abord du regard.
Plus tard viendrait le botaniste…
Notre Père, garde-nous d’être botanistes de l'homme, d’être aveuglés à vouloir tout classifier comme préalable à l’accueil réciproque de l’étranger.