L’héroïque lande, la frontière brûle
Ce film au titre épique raconte comment fut démantelée au début du printemps 2016 la zone sud de la « Jungle de Calais », ville de près de 7 800 personnes surgie de la boue. Les habitants expulsés – environ 4 000 – déplacent alors leurs maisons vers la zone nord du bidonville, pour tenter de faire renaître la Jungle de ses cendres, continuer à vivre et rêver de s’évader de cette terre de transit.
Ce film au titre épique raconte comment fut démantelée au début du printemps 2016 la zone sud de la « Jungle de Calais », ville de près de 7 800 personnes surgie de la boue. Les habitants expulsés – environ 4 000 – déplacent alors leurs maisons vers la zone nord du bidonville, pour tenter de faire renaître la Jungle de ses cendres, continuer à vivre et rêver de s’évader de cette terre de transit. En octobre, l’État décide d’organiser la destruction définitive de la Jungle, devenue une ville de près de 12 000 exilés, pour en disperser ses habitants en centres d’accueil.
En tournant ce documentaire entre janvier 2016 et février 2017 dans une parfaite complicité avec de jeunes gens pris dans le tumulte des guerres et des violences policières, et obnubilés par leurs tentatives répétées de traverser la frontière vers l’Angleterre, les deux réalisateurs ont voulu longuement, patiemment, et bien loin de tout objectif descriptif ou pédagogique, s’immerger dans la Jungle pour en ressentir et en transmettre l’énergie et la paradoxale joie de vivre. Dès lors, le propos de la mise en scène est de relever, à travers l’orchestration des regards et la circulation des paroles, le défi de la complexité de cette situation, pour conserver à tous le statut de sujet et préserver le spectateur de tout voyeurisme.
Malgré l’enfermement et toutes les contraintes subies, les épreuves que narrent ces héros indomptables illuminent leurs visages et le film est parsemé de témoignages émouvants de leur parcours d’exil qui alternent avec les moments chaleureux de convivialité pluriethnique partagée. On perçoit qu’un monde nouveau cherche à s’inventer et que des liens profonds s’établissent entre eux et les « filmeurs », partageant dans la rencontre le même désir de témoigner de leur attention à l’autre.
Enfin, mêlant les sons de leurs pays d’origine à des chansons de Christophe ou de Léonard Cohen, la musique est très présente dans le film et accompagne certains moments bouleversants où la frontière brûle aussi entre documentaire et fiction.
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L’héroïque lande, la frontière brûle. Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval. Sortie le 11 avril ; 3 h 45 min