Là-haut sur la colline
Une colline familière entre en écho avec des lieux bibliques qui ébranlent même les agnostiques. Elle y trouve une paix d’autant plus précieuse qu’elle n’efface ni la peine ni les interrogations. Une confiance lucide.
Lorsque je me sens vide, inhabitée, j’ai besoin de m’élever. Non pas pour me mettre au-dessus des autres, mais pour m’extraire de mes peurs et de mes doutes. Lors je connais quelques lieux qui me sont chers comme un secret, comme un cadeau. J’y puise des forces nouvelles et de l’apaisement, et quand je peux, j’y reviens. Certes, les lieux chargés d’histoire ne sont plus à ma portée, mais en pensée j’y reviens. C’est une surprise de découvrir un endroit où, sans savoir pourquoi, on se sent bien, en harmonie avec la nature. Ce peut-être un coin pour s’isoler, où bien à la découverte d’un panorama à vous couper le souffle. Ce peut être un manque à combler, une blessure secrète à refermer dans la solitude.
Je connais un endroit, tout près de chez moi, sur une colline surplombant le port, les îles et l’immensité de la mer. J’ai du mal à le décrire, tant il m’est difficile de le partager. Pourtant, j’y vis des moments de prière, quasi miraculeux, moi qui ne sais pas prier. Là haut, j’interroge mes peurs et mes doutes, c’est un rendez-vous presque quotidien avec moi-même, sans prétention, mais avec humilité, j’aspire à une présence, à un petit miracle que je n’ose demander.
Là-haut, si nul ne me trouble, je revis l’émotion intense, magnifique, poignante et douloureuse qui m’a habitée, et me poursuit encore, du haut de la forteresse de Massada. J’y suis restée un grand moment, retenant mon souffle jusqu’au vertige. J’ai vécu en ce lieu une communion inattendue avec ces gens que je n’ai pu connaître, mais qui ont incarné soudain avec acuité l’insoumission et la révolte. J’ai entendu ce cri désespéré et victorieux de ceux qui savent dire « non » au prix de leur vie, et communiquer la force de leur foi. Le paysage désertique au-dessous de moi m’emportait jusqu’où le regard se perd.
Mais ce n’est pas le seul lieu biblique qui me laisse éblouie, car j’ai eu la chance de poser mes pas dans les pas du Christ. Du Mont-des-Oliviers, jusqu’à la mer de Galilée, j’ai été emportée dans un grand élan de tendresse et de confiance auprès de Jésus. Tous ceux qui viennent là l’éprouvent aussi. J’ai rencontré des gens athées ou agnostiques qui ne sont pas sortis indemnes de cette expérience. Et lorsque je suis sur le point de céder au découragement ou que je perds confiance, je retourne sur ma colline toute proche et je revis ces moments de grâce dans ces lieux exceptionnels.
S’ils ont un tel pouvoir d’apaisement sur moi et renouvellent mes forces, c’est qu’ils sont habités d’une présence divine. Ils sont le lieu privilégié de LA rencontre. Assurément la force et la paix qu’ils me donnent sont un effet de la grâce que Dieu m’accorde sans condition. Oui, c’est un état de grâce qu’il faut retenir à tout prix. C’est pourquoi je suis toujours habitée de ces lieux qui sont ma richesse.