La prière
Un jeune toxicomane portant, ce n’est pas un hasard, le beau prénom de Thomas, arrive dans un lieu de désintoxication de haute montagne qui dépend, y compris financièrement, de l’Église catholique.
Un jeune toxicomane portant, ce n’est pas un hasard, le beau prénom de Thomas, arrive dans un lieu de désintoxication de haute montagne qui dépend, y compris financièrement, de l’Église catholique. La cure, dont la rigueur dans le dépouillement est annoncée par le déshabillage et la tonte subis à l’arrivée, implique privation d’alcool et de tabac, mais aussi semble-t-il de tout médicament de substitution. Elle exige surtout l’acceptation de règles de vie communautaires dans lesquelles le travail manuel en extérieur, la présence permanente d’un compagnon, la prise de parole en public, la prière récitée et l’assistance à la messe jouent un rôle important.
Malgré la pureté du paysage, ce lieu ne nous est heureusement pas présenté comme toujours serein, ni le succès de la cure comme assuré. Sous ses joues encore enfantines, le très attachant Thomas se révèle plus solide que beaucoup qui souvent s’enfuient ou ne parviennent plus à partir de peur d’une rechute. Mais le titre du film oriente notre vision et interroge : s’agit-il de dire « la » prière, ou de la vivre dans la fraternité et l’amour humain ?
Une fois les prévisibles difficultés dépassées, Thomas va osciller entre deux états d’âme et de cœur. Le premier l’incite à se conformer de son mieux, avec l’énergie du désespoir, à ce qu’il croit qu’on attend de lui – au point de s’attirer l’injuste colère d’une religieuse âgée aussi caricaturale que perspicace, parce qu’il applique sans le savoir (et sans succès) le pascalien conseil : « Mettez-vous à genoux et bientôt vous croirez. » Mais l’élan vital ressenti dans le second le conduira in extremis à un choix authentique, magnifié par la splendide aria Bist du bei mir – Si tu es avec moi (longtemps attribuée à Bach, mais en réalité extraite d’un très profane opéra de Stölzel), qui accompagne de son lyrisme chaque étape de la renaissance de Thomas et nous permet – bien plus que toutes les manifestations de piété données à voir – d’en percevoir la dimension profondément spirituelle.
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La prière, Cédric Kahn, sortie le 21 mars 2018, France, 1 h 47.