Le Règne animal

François (Romain Duris), qui se dévoue totalement à sa femme en pleine mutation féline, impose à son fils Émile un déménagement dans les Landes, où un centre pour « créatures » doit ouvrir. Mais à la suite d’un accident, toutes les créatures s’enfuient dans la forêt…

Une fois posé ce postulat digne d’un « Marvel » américain, Cailley fait peu à peu dévier son film d’un début spectaculaire, très impressionnant, vers un conte philosophique proche des « animaux dénaturés » de Vercors, un peu plus conventionnel mais profondément émouvant.

Une histoire centrée sur le sacrifice

Il n’est question ici que de sacrifice : du père de famille, qui s’oublie dans sa quête de la disparue ; du fils, qui change de lycée à deux mois des grandes vacances, et se voit bientôt atteint du mal ; de la mère, qui doit quitter sa famille pour survivre. Les pires défauts du monde humain se font bientôt jour : mise au ban des créatures, qui ne semblent pourtant jamais dangereuses, violences, intervention sans discernement de la police, puis de l’armée… Cailley, cependant, ouvre d’autres niveaux d’interprétation au conte, associant symboliquement les mutants et les transformations de l’adolescence à travers Émile et ses amis. Et surtout, il resserre progressivement son récit sur la relation entre François et son fils, en route vers un final, une fois encore, sacrificiel et bouleversant.

Un « conte » philosophique sur la différence

Comme dans son premier film, Cailley joue avec les codes du film post-apocalyptique pour interroger, avec humour et moult références cinématographiques, notre humanité et son devenir. Les personnages positifs du film retrouvent un lien perdu avec la nature, accueillent les mutants sans crainte, avec curiosité, et même souvent avec amour. C’est le seul chemin possible, semble nous dire cette belle fable, pour le règne qui vient.

Un film de Thomas Cailley, avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos. 2023, 2 h 08, drame, aventure, fantastique.