Une histoire dans l'Histoire

Les traités de la Barrière

01 octobre 2018

Au tout début du XVIIIe siècle, les protestants du Nord se retrouvent dans la zone de la « barrière » militaire qui doit freiner les avancées de Louis XIV...

Au moment où Louis XIV devient roi, la France est prise en tenaille entre l’Espagne au Sud et les Pays-Bas espagnols au Nord. Le monarque va chercher à repousser cette frontière qui n’est qu’à 150 km de Paris. Il conquiert la Flandre, le Cambrésis, le Hainaut et ses succès inquiètent les autres puissances. Pour contrer les ambitions françaises, l’Angleterre, l’Autriche, l’Espagne et les Pays-Bas s’entendent pour établir un rideau de troupes le long de notre frontière Nord.

Mais, les Espagnols et les Autrichiens, suzerains successifs des Pays-Bas, ne peuvent acheminer rapidement des troupes jusque là en cas d’agression française. Les Anglais se consacrent à leur marine. Les Hollandais en revanche sont proches et, instruits par la guerre de 1672 qui les avait obligés à inonder leurs polders pour sauver leurs villes, ont intérêt à maintenir les Français éloignés de leur sol. Ce sont donc eux qui vont fournir les huit mille hommes qui vont surveiller la frontière. Cette barrière militaire donne son nom au traité signé en 1713 et remanié en 1715.

Ce traité crée donc une situation curieuse : l’Espagne s’accorde avec les Hollandais, ses anciens sujets rebelles, protestants de surcroît, pour faire face au très catholique Louis XIV ! Ces protestants vivent avec leurs familles, leurs pasteurs et pratiquent leur culte au sein d’un pays où règne encore l’Inquisition. La coexistence n’est pas toujours paisible, mais globalement le traité est appliqué jusqu’à la Révolution.

Autrefois, Cambrai fut prise en tenaille entre la France et les Pays-Bas

(© Commons Wikimedia)

 

Jean-Paul ROELLY,
généalogiste en Picardie

Commentaires