Mille et une questions
Les enfants et l’Évangile ! Sait-on ce que sera « l’Évangile » pour eux, plus tard ? Si les pasteurs, catéchètes, animateurs ne peuvent rien en prédire, les thèmes et les enjeux proposés aux plus jeunes de l’Église les laissent rarement indifférents.
On a, ou on n’a pas, ces souvenirs de pièces fourre-tout dans les locaux du temple, avec la frise des règnes des rois cités dans l’Ancien Testament, ou des personnages colorés qui attendent d’être réanimés… Éveil biblique, école biblique, caté… Ce sont rarement de mauvais souvenirs, car c’est un peu l’école alternative, sans interro ni punition (ou alors, il faut en faire beaucoup !). On y rencontre des gens ni mieux ni moins bien que les autres, mais différents de ceux de la vie de tous les jours. On y partage autre chose, surtout : des idées, des figures, des histoires, et cette vie mystérieuse qu’on dit spirituelle.
On a, ou on n’a pas, ces tranches de vie mémorables en camp, avec la sensation vibrante de la liberté et des amitiés frottées au coin du feu. Week-ends caté délocalisés, camps de paroisse avec pasteur fou qui embarque avec des jeunes malgré des normes de plus en plus exigeantes… Sans compter les camps scouts, dont on a rappelé le mois dernier combien ils sont source de formation personnelle.
Des temps et des lieux à part
À la découverte de l’Évangile sont parfois liés des lieux étonnants, par exemple dans les communautés monastiques. Ou bien encore de menus objets, comme un signet ou une jolie carte avec un verset biblique, ces restes tangibles d’une célébration exceptionnelle – Noël, baptême ou confirmation…
Dans beaucoup d’Églises locales, les enfants et ados sont de moins en moins nombreux à connaître tout cela. Il est devenu difficile de réunir tout le monde chaque semaine : il y a le sport, la musique, la « vie de famille ». On a espacé les rencontres. Quelques-uns s’accrochent. Que vivent-ils, en 2022, ces enfants en chemin dans la foi chrétienne ? Comment rencontrent-ils l’Évangile ? les textes bibliques ? la dimension spirituelle ?
Tous en camp !
Participante, animatrice puis responsable, Agnès Daudé (proposante dans l’ensemble « Entre Gardon et Vidourle », Gard) a vécu toutes les facettes des camps Baladins. « J’aimais les temps spi, mais par-dessus tout l’ambiance, une bienveillance, une convivialité forte vécue entre les jeunes. J’ai été marquée par les rapports humains dans ces camps. »
L’Évangile, là, peut passer par le temps spi du matin : chant, animation et discussion sur un aspect de la vie. « Aux Baladins, on apporte toujours une Bible, c’est comme ça et cela ne choque personne, même les jeunes non chrétiens. » Mais la spécificité de ces camps, c’est de travailler sur un spectacle qui porte un message lié à l’Évangile. « Lors d’un camp récent, raconte Agnès, une animatrice a écrit un spectacle bourré de références bibliques. C’était très fort et elle avait laissé la fin à écrire aux jeunes… »
Un aspect important pour enfants et ados : « Se poser, réfléchir. Ils n’ont souvent pas d’autre espace pour cela. »
Classiques favoris
Quelques parents ont accepté de dire où et comment, selon eux, leurs enfants entrent en contact avec l’Évangile. Parmi les « outils » favoris : les bibles illustrées ou en BD, les narrations à l’école biblique ou à la maison, le magazine Pomme d’Api Soleil, les Playmobil Arche de Noé, les chants, de Taizé ou pas, les psaumes, des CD qu’on chante dans la voiture, les fêtes comme Noël ou un baptême, les visites d’églises…
Tout cela permet aux enfants de poser des questions, et ils en posent beaucoup. Ils sont fortement interpellés par les questions de la vie et de la mort, et pas toujours à l’aise face à des copains non croyants qui raillent leur foi, ou d’autres qui s’affirment très religieux !
Dans leur vie
Les parents remarquent que si l’enthousiasme n’est pas toujours au rendez-vous pour participer au caté ou à un week-end, au retour c’est tout l’inverse qui s’exprime. Et ils observent que ces récits, ces débats prennent une vraie place dans le quotidien de leurs enfants. Selon les profils et les situations familiales, « ça les structure, ça donne des repères et une ouverture ». L’un, qui parle à Dieu, attend ses réponses. L’autre croit en Dieu « mais à moitié » et revendique de pouvoir douter. Le troisième propose qu’on prie en famille pour les personnes qui subissent la guerre. D’autres encore, frère et sœur, font référence à leurs lectures bibliques ou bien se lancent : « Attention, le bon Dieu te regarde ! »
Alors : Évangile ? Pas Évangile ?
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Sommaire du dossier :
Les enfants, acteurs de l’Église
. Au contact de l’Évangile, mille et une questions
. Comment l’Église s’ouvre aux enfants
. Bible et confirmation
. Penser l’éducation, une histoire de principes plus que de méthodes
. La dimension spirituelle dans la pédagogie des EEUdF
. Les enfants à la Cène ?
. Le parcours d’un jeune
. La fille de Jaïros