Humour biblique

Un chemin initiatique

27 juin 2018

Balaam est un devin. Sa parole a du poids. Quand il bénit ça marche, quand il maudit ça marche aussi ! Alors Balaq, roi de Moab, a besoin de lui pour maudire Moïse et son peuple qui squattent son royaume. Mais Dieu veille !

Sur le chemin de leur liberté, les Hébreux ont posé leur immense campement sur les terres de Balaq. Mais les chemins du roi et du devin vont être semés d’embûches…

 

Le chemin de l’obéissance

Le roi Balaq envoie chercher Balaam une première fois. Balaam invite ses hôtes à passer la nuit chez lui en attendant l’oracle des dieux. Or c’est Dieu en personne qui « vient » (littéralement) jusqu’au devin et lui interdit de maudire le peuple hébreu. Balaam, obéissant, congédie les émissaires du roi. Mais Balaq envoie une nouvelle délégation auprès de Balaam, lui promettant monts et merveilles s’il accepte l’offre. Le devin, discipliné, s’en remet à Dieu qui vient l’avertir : « Puisque ses hommes sont venus t’appeler, va avec eux ; mais tu feras ce que je te dirai ».

 

Le chemin de la précipitation

Alors Balaam selle son ânesse et prend le chemin pour rejoindre le roi Balaq. Erreur ! Dieu va par trois fois se mettre en travers de son chemin pour l’arrêter. L’ânesse voit un ange, une épée à la main, prêt à attaquer, mais pas Balaam ! Par trois fois la monture s’écarte du chemin de son maître. Il se met très en colère et frappe l’animal pour le ramener dans le droit chemin. Mais l’ange en embuscade finit par coincer le devin. Soudain Dieu permet à l’ânesse de parler pour faire la leçon à son maître. Le monde à l’envers ! Balaam voit alors l’ange qui lui annonce que Dieu ne lui avait pas demandé de partir si tôt !

Mon récit préféré ? Nombres 22-24 ! (© pixabay)

 

Le chemin du courage

L’ange permet quand même à Balaam de poursuivre son chemin avec cet ordre : « Tu diras ce que je te dirai ». Arrivé à destination, le devin essuie la colère de Balaq qui n’en peut plus d’attendre. Le roi le conduit aussitôt en surplomb du camp hébreu pour qu’il le maudisse. Or, au lieu de ça, Dieu pose un poème de bénédiction dans la bouche de Balaam. Balaq persiste ! Il faut que ça marche ! Il faut que ce peuple étranger reprenne son chemin et quitte ses terres ! C’est alors que Balaam comprend la volonté de Dieu et, de lui-même, il prononce deux autres poèmes malgré les supplications de Balaq.

 

Un chemin de conversion

Cette fable pleine d’humour et de poésie, où Balaq et Balaam ressemblent jusqu’à leurs noms à un duo de clowns, dessine pour nous un chemin initiatique. Quand tout marche de travers, quand mon obstination ne conduit qu’à une impasse, je dois faire preuve d’humilité et ouvrir les yeux sur cette réalité contre laquelle je ne peux rien. Et plutôt que de la combattre, je dois apprendre à l’accepter. Accepter que la bénédiction n’est pas dans le succès, mais dans la capacité à discerner Dieu là même où je ne l’attends pas : au travers de mon chemin. C’est ainsi que Dieu crée la poésie de la vie. C’est ainsi que nos chemins croisent celui de Dieu.

 

 

Arnaud VAN DEN WIELE,
pasteur des Alpes du Sud

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