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recension

Une déclaration d'amour

01 janvier 2018

Le titre de cet ouvrage posthume de Raphaël Picon (1968-2016) pourrait faire penser qu’il est question d’y exposer l’une des perfections divines : l’insoumission.

Pas besoin d’un ouvrage de théologie pour cela. Et d’ailleurs, toute entreprise visant à établir l’insoumission de Dieu comme l’une de ses perfections se contredirait jusque dans ses prémisses. Que Dieu ne se laisse pas soumettre est une idée fort ancienne, très tôt recueillie par les auteurs bibliques. Que les humains ne cessent de tenter de se soumettre à Dieu est une idée tout aussi ancienne.

Un Dieu insoumis a une double portée, c’est un ouvrage confessant, presque une déclaration d’amour, et c’est en même temps un manuel d’autocritique destiné aux théologiens. Comme Raphaël Picon avait publié Tous théologiens, on comprendra que ce nouvel opus sera utile à chacune et à chacun, s’interrogeant sur l’usage du mot Dieu. L’intérêt est que Dieu n’est pas ici une entité abstraite. Il est envisagé ainsi, parce qu’il faut penser et critiquer, mais il ne cesse jamais d’être, en même temps, un Dieu personnel, un Dieu en qui l’on peut croire. C’est une ligne de crête qui est suivie, sans chuter, ni d’un côté ni de l’autre.

Ces cinquante éditoriaux parus dans Évangile et liberté méritent une lecture sérieuse, d’un grand profit. On n’y trouvera nulle contestation superflue du geste religieux, mais le constat toujours à renouveler que le geste religieux est par nature conservateur et qu’il est donc nécessaire de lui opposer « une exigence d’imagination et de créativité. »

 

 

 

En savoir plus

Un Dieu insoumis, Raphaël Picon, Labor et Fides, 2017, 144 p., 16 €.

Jean DIETZ

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