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Rencontrer pour aller au-delà des préjugés

Jérôme Bamberger

01 octobre 2017

Il aurait sans doute fallu mille vies à Jérôme Bamberger pour vivre toutes les envies et les passions qui l’animent. Dans tous les engagements qu’il a vécus, c’est la rencontre qui est au cœur. Il témoigne avec reconnaissance de ces rencontres qui lui ont permis de vivre toutes ces expériences, tant professionnellement que dans sa vie personnelle.

 

Il faut de la patience pour pouvoir rencontrer Jérôme Bamberger. Bien qu’il souligne que son 75e anniversaire pointe le nez à l’horizon et qu’il aimerait trouver de la relève dans tel ou tel de ses engagements, l’heure de la retraite effective n’a pas encore sonné ! Il faut dire que Jérôme vit ses engagements avec intensité, reconnaissant des rencontres que ceux-ci ont permis.

Jérôme Bamberger © Olivétan – GM

C’est à quelques jours d’une session de préparation au départ au Défap-Service protestant de mission que nous retrouvons Jérôme chez lui, face au lac Léman. Il a préparé toute la documentation concernant un voyage à venir au Cameroun, le sixième ou le septième qu’il vivra en janvier prochain avec l’association Espérance Nord-Sud dont il est le trésorier. « C’est vraiment important de vivre ces temps de préparation au départ, avec le Défap. Certes, c’est important la rencontre, mais il faut aussi être conscient de ce que ça peut avoir de difficile. Il ne faut pas faire n’importe quoi. Il faut être conscient de ce que l’on fait, mais le plus grave, ce serait de ne rien faire ! »

Campagne de vaccination au centre de soins La Solidarité © Bamberger

Espérance Nord-Sud, c’est déjà pour Jérôme une histoire de rencontre ; celle du pasteur Richard Dahan qui l’embarque dans cette aventure d’échanges de jeunes avec le Cameroun, dans les années 1980. « J’ai tout de suite adhéré à ce projet de rencontres entre des jeunes de France et du Cameroun, avec comme exigence que tout voyage aller au Cameroun doive nécessairement être suivi d’un voyage retour de jeunes Camerounais vers la France, même si cela signifie des difficultés plus grandes encore – notamment financières et administratives du côté camerounais pour organiser un voyage de jeunes en France. » Chacun des camps est adossé à un chantier : « C’est la meilleure solution pour vraiment mélanger les jeunes Camerounais et Françai, autour d’un travail concret qu’ils peuvent effectuer ensemble. Cela permet le mélange et la connaissance mutuelle des uns et des autres. »

Jérôme et Catherine, chez eux, face au « Léman »© Olivétan – GM

Maroc, Doubs, Dahomey…

La rencontre entre Richard Dahan et Jérôme Bamberger remonte sans doute bien avant les années 1980, même s’ils n’en conservent pas le souvenir. De fait, c’est au Maroc que Jérôme voit le jour ; Richard et lui ont sans doute usé les bancs de l’école biblique de Casablanca pendant les mêmes années. Puis les trajectoires familiales les ont éloignés du Maroc, l’un comme l’autre. Jérôme a 14 ans lorsqu’il arrive en France pour y commencer des études d’horlogerie, à Besançon. Là aussi, il évoque une rencontre, celle du pasteur Riou auprès de qui il s’engage dans le scoutisme, lançant une troupe d’éclaireurs à Ornans. Une autre rencontre s’ensuit bientôt, celle de Catherine, cheftaine de louveteaux, qui suit des études d’infirmière et qui deviendra son épouse.

Lors de l’inauguration des nouveaux locaux à Évian © EPU Chablais

Sa formation en horlogerie achevée, il devient professeur technique adjoint en dessin industriel pendant deux ans, avant que les obligations du service national l’appellent. Il choisit de partir en coopération pendant trois ans. C’est au Dahomey – actuel Bénin – qu’il va découvrir l’Afrique subsaharienne et retrouver un climat chaud qu’il affectionne, surtout après ses années passées dans le Doubs. « C’est une expérience qui a été très riche pour moi. Nous avions beaucoup de liberté dans les projets que nous mettions en place, soutenus par l’Ambassade de France et par les Pères blancs. J’ai pu monter, pour les élèves, une bibliothèque et un ciné-club… » Catherine et Jérôme se marient au bout des deux premières années de coopération de Jérôme et elle peut le rejoindre pour la troisième année qu’il doit faire. « Cela n’a pas été aussi facile pour Catherine. Elle avait bien trouvé du travail en tant qu’infirmière, mais ne relevant pas de la coopération, elle n’a pas perçu de salaire et les relations n’étaient pas très faciles avec une équipe d’hommes béninois et musulmans pour qui l’autorité d’une femme française et chrétienne n’allait pas de soi… »

Un havre pour la famille, à deux pas des lieux de pêche © Olivétan – GM

Entre horlogerie et fromage de chèvre

De retour en France, Jérôme retrouve du travail dans le domaine de l’horlogerie avant de se tourner vers l’horlogerie industrielle, puis vers ses autres métiers autour des parcmètres et autres systèmes techniques liés au stationnement et à la gestion des flux de véhicules. Au gré de nouvelles rencontres, il gravit les échelons ou profite d’opportunités d’emploi pour évoluer entre Besançon, Nice, Marseille. Plusieurs fois, il est appelé vers Paris, mais Catherine s’y oppose fermement. Alors, pendant onze ans, ils changent radicalement d’horizon et font un retour à la terre, en se lançant dans l’élevage de chèvres dans le Lot-et-Garonne et la fabrication de fromages bio. « Nous qui étions restés proches des équipes du Défap et de la vie d’Église, ce fut aussi une rupture de ce point de vue là… Nous étions loin de la paroisse, alors nous faisions l’école biblique à nos enfants, grâce au matériel par correspondance, et le pasteur nous rendait visite deux fois par an ! » Cette distance avec l’Église n’empêche pas Jérôme de s’engager au conseil municipal et dans les associations de parents d’élèves. Puis il est appelé par son ancien employeur pour remettre sur pied l’organisation technique de l’entreprise. Cela vaut à la famille de retourner à Nice pendant quelques années, avant que Catherine ne rejoigne les rives du lac Léman, afin de se rapprocher de sa famille suisse. Jérôme, lui, est appelé à Paris et fera les allers-retours entre Genève et la capitale française, pendant un an, avant que ne sonne l’heure de la retraite.

 

C’est dans la paroisse du Chablais qu’ils se sont engagés – Jérôme au conseil presbytéral et Catherine à l’Acat et à l’aumônerie des hôpitaux. Et si Jérôme a transmis le témoin en tant que président du conseil presbytéral en 2016, il reste engagé au conseil municipal de sa commune et à l’association des pêcheurs français du lac Léman. Après le voyage de janvier au Cameroun, il aimerait bien que la jeunesse prenne le relais du côté d’Espérance Nord-Sud pour que le projet se poursuive…

 

Gérald MACHABERT
journal Réveil

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