Martine Fouchier
Le 2 septembre, sous les châtaigniers du Musée du Désert, où se trouve le stand du Cep, se présentent un sourire et un regard. C’est Martine Fouchier qui vient répondre à quelques questions pour votre journal. La rencontre et le partage sont un émerveillement toujours renouvelé. Que d’histoires, que d’aventures ! Derrière tous ces visages, une expérience à vivre, des exemples à suivre.
Il y a presque trois ans que Martine Fouchier assure une mission de solidarité dans la région Cévennes-Languedoc-Roussillon, d’abord à Nîmes, puis à Montpellier et à nouveau à Nîmes cette année. C’est à la demande de la pasteure Sophie Zentz-Amédro puis du pasteur Jean-Pierre Julian, présidents successifs du conseil régional, qu’elle a décidé de se lancer.
Ses lettres de mission étaient claires : assurer des cultes, des permanences obsèques, de l’aumônerie.
Solidarité
Sa première mission l’a amenée à s’occuper des maisons de santé et de retraite de Nîmes, et elles sont nombreuses. Puis pour sa deuxième année, d'être auprès de la maison de retraite protestante de Montpellier tout en travaillant en solidarité avec la pastorale.
Si son année à Nîmes a été sans embûche, la deuxième année à Montpellier a été plus… sportive. Lors de sa première semaine de permanence obsèques, elle a été obligée d’appeler ses collègues au secours : le nombre d’enterrements était trop important.
Ce n’est pas tant un problème de quantité que de qualité. La prédicatrice est très sensible à la profondeur des demandes que les familles lui font. Elle accorde beaucoup de temps à ces moments qui permettent à des personnes en souffrance de repartir apaisées. Les rencontres de préparation sont sujettes à des échanges inattendus, imprévisibles. Des familles ancrées dans l’Église protestante depuis des générations n’ont pas le même type de demande que des familles qui se sont éloignées de l’Église et qui se reposent les questions fondamentales et existentielles du sens de la vie et de l’éventuelle existence de Dieu à l’occasion du départ d’un proche.
Dans des familles dites éloignées, elle remarque l’engagement et l’implication (choix des textes et des chants…). Parmi les histoires marquantes : « Lors d’obsèques à Grammont, je fus surprise de voir une petite fille se lever lorsque j’annonçais un morceau de musique. Elle s’est mise au piano et a joué du Bach. En passant devant le cercueil de sa grand-mère, elle l’a remerciée pour son aide et ses cours de piano. »
Son outil favori : l’humour. « Christ avait de l’humour, Christ avait de l’amour » est une de ses devises.
Écoute
Son ministère, en général mais plus particulièrement dans les maisons de santé, est un ministère de l’écoute. Elle reste attentive à ce qu’on lui dit. La rencontre avec les résidents et le personnel de la maison de retraite sont des instants à part. Elle raconte cette anecdote : « À la fin du culte où nous avions célébré la Cène à l’occasion de la Pentecôte, j’avais tout bonnement oublié la prière du Notre Père, erreur grossière de la part de l’officiante, mais qui a permis de témoigner de l’attention réelle des résidents. Une petite dame bien âgée a dit, alors que j’annonçais la bénédiction : « On pourrait peut-être dire le Notre Père avant ! ». Et Martine de conclure : « Oui, les personnes qui ont l’air parfois un peu absentes, sont bien présentes et attentives au culte… »
Cultes
Pour Martine Fouchier, assurer les cultes est une grâce. Voilà déjà quinze ans qu’elle est prédicatrice. Elle s’est engagée tout d’abord dans des formations puis inscrite à la faculté de théologie pour « mieux comprendre et dire ». Elle tient beaucoup à revenir au texte hébreu ou grec. Revenir aux sources pour mieux servir la Parole. Elle aime jouer avec les mots. Elle avoue en souriant « tirer à boulets rouges » dans ses prédications.
Cependant, dans cette mission de solidarité, une frustration se fait jour. Le culte, même s’il est une joie, ne suffit pas pour créer du lien avec une communauté paroissiale. N’assurer que le culte et rien d’autre révèle un manque de lien : « La Parole de Christ est portée, mais portée sans connaître les réels besoins du lieu » regrette Martine Fouchier.
Comment devient-on missionnaire ?
C’est l’histoire d’une vie. Angliciste de formation, elle a travaillé sur l’anglicanisme au centre Richelieu de Paris : un centre œcuménique où se croisait l’Institut catholique, l’Institut protestant de théologie, l’Institut Saint-Serge et l’Institut supérieur d’études œcuméniques. Elle y rencontre des jésuites et décide de partir en retraite chez eux pour mieux les connaître.
Elle devient maître auxiliaire en école et après avoir réussi un concours administratif, elle fait sa carrière dans l’administration des finances aux douanes.
Elle s’engage dans sa paroisse et elle est prédicatrice dans l’Ensemble des Terres du milieu. À la retraite, elle décide d’entamer des études de théologie. Elle est aujourd’hui titulaire d’une licence et tente de terminer son master dans un emploi du temps déjà très surchargé.
Elle ne regrette rien, mais reste impressionnée par les jeunes pasteurs qui, à la fin du lycée, entrent à la fac de théologie. Elle-même n’a pas osé.
Dans ce temps de réorganisation de notre Église, les postes de mission de solidarité sont-ils une solution ? Les synodes auront sûrement ce sujet à traiter bientôt.
Mais laissons les derniers mots à Martine Fouchier : « Je suis consciente que ma petite contribution à la vie de l’Église protestante unie en Cévennes-Languedoc-Roussillon est une minuscule action sur ce grand champ. La moisson invite les moissonneurs. C’est grâce à l’aide du Christ vivant que je participe à vivre et faire vivre la Parole. »
En savoir plus
Repère
Cette année la région protestante unie en Cévennes-Languedoc-Roussillon continue à installer des missions de solidarité :
- Jean Amalla : Ensemble entre Cèze et Gardon ;
- Pasteur Nicolas Blanc : Ensemble des Vallées cévenoles ;
- Pasteur retraité Jacques Bouvier : Ensemble entre Cèze et Gardon ;
- Noël Charrier : Valleraugue ;
- Martine Fouchier : Aumônerie des maisons de santé protestantes de Nîmes ;
- Michel Gras : Cévennes et Causses ;
- Bernard Marion : Sud Aigoual, Valleraugue, Cévennes et Causses, Gardonnenque ;
- Pasteur Denis Muller : Ensemble des Terres du milieu ;
- Pasteur Ingrid Prat : Cévennes viganaises ;
- Sylvie Valette : Ensemble des Vallées cévenoles.