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L'imagination en marche

Annoncer l'Évangile dans nos campagnes

01 janvier 2018

Face aux défis auxquels sont confrontées certaines Églises locales, des idées germent. Ces nouvelles expériences sont souvent des succès et permettent à ces communautés de s’ouvrir aux autres.

La dissémination, les distances, rendent très difficile une présence pastorale et une vie d’Église enrichissante sur l’ensemble du territoire français. Cependant, des idées neuves surgissent, des expériences viennent insuffler une vie nouvelle là où les protestants ont toujours été très minoritaires et disséminés, et aussi dans les lieux de forte présence et tradition protestantes, mais qui doivent faire le deuil du passé. Il y a une prise de conscience difficile parfois, mais en marche et indispensable, que s’ouvrir à de nouvelles formes de vie d’Église ce n’est pas démériter par rapport au passé. Au contraire. « L’Église, c’est ce que l’on vit avec ceux qui sont là, qui rend heureux et peut donner envie de venir aux gens qui passent, s’arrêtent et restent ou pas. »

 

Un tissu vivant

Partout où cela est possible, la priorité est de maintenir un tissu vivant, des liens fraternels, des temps de rencontre dans la joie, le plaisir de la rencontre, la solidarité – jusqu’à se mobiliser pour l’accueil d’une famille de réfugiés. Les groupes de maison ou les veillées chez des particuliers sont des pistes très prometteuses, là où il y a encore suffisamment de forces vives pour les initier et les porter, au rythme qui permet aux personnes engagées de ne pas s’essouffler. Ils permettent rencontre, annonce, partage, convivialité, lien social, souvent au-delà des protestants. Ils sont une alternative réjouissante, chaleureuse, à ces cultes que l’on maintient à tout prix pour faire vivre un temple, fréquenté par une poignée de personnes déçues d’être si peu nombreuses.

L'oecuménisme, une autre façon de vivre l'Église (c) DR

 

Des événements pour tous

Une fête œcuménique de la Création, où tout un village est invité et au-delà. La volonté de faire ensemble, catholiques et protestants, tout ce qui est possible : un même message à Pâques, une fête de la fraternité, interreligieuse avec des danses, des chants de toutes origines, une marche avec des haltes bibliques. Un Sentier huguenot, répertorié dans le guide des randonneurs, avec des flashcodes pour avoir l’histoire de l’endroit traversé, mais aussi pour rencontrer des protestants bien vivants. Des agriculteurs qui ne cachent pas leur protestantisme font le choix du bio, compensant les pertes économiques par un accueil à la ferme, des stages pédagogiques, un festival de théâtre à la maison… L’avantage de ces événements est que tout le monde s’y sent accueilli, à l’aise, que l’on soit ou non du « sérail », autochtone ou de passage, jeune ou moins jeune. L’Église colore la vie, donne une impulsion, et pas uniquement pour les seuls protestants.

 

Pasteur de campagne

Après des années de théologie, atterrir comme « pasteur de campagne » n’est pas forcément facile. Mais ce pasteur-là en revendique maintenant la spécialité et imagine une formation spécifique pour ce ministère et un réseau, qui pourrait être international, de personnes engagées dans les zones rurales ou de montagne. « Il y a une théologie de la maisonnée à redécouvrir. La proximité, le tactile, le silence. » Il développe les groupes de maison, le covoiturage, le bouche-à-oreille, des compétences pour s’adresser à des personnes âgées, malentendantes, isolées. « La ruralité c’est passionnant, très profond dans les domaines sociologique, théologique et économique. Faire Église en ruralité, c’est être pionnier des Églises du XXIe siècle, car c’est une occasion de réfléchir sur la dissémination mentale et culturelle, même en ville. »

 

Doris ZIEGLER,
journal Échanges

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