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Église

Bienveillance dans le cadre d’un ministère

01 mars 2018

Au XIIe siècle, bienveillant s’entendait par « voulant bien ». Aujourd’hui c’est « celui qui veut et fait du bien à un autre ». Cela s’adresse aussi aux ministères de président de région ou de conseiller presbytéral.

Celui qui représente l’autorité doit montrer fraternité et écoute

(© pxhere - CC0 Public Domain)

Pour Olivier Filhol, président du Conseil régional de la région Nord-Normandie de l’Église protestante unie de France, son ministère est « un ministère pastoral au service de la communion entre les pasteurs, les acteurs de la vie de l’Église et les communautés. Ma vocation me permet de les rencontrer dans la confidentialité, l’écoute et l’accompagnement. J’essaie, d’y être bienveillant, c’est-à-dire de rencontrer, de voir l’autre avec le regard du Christ. L’analyse des situations est nécessaire, mais s’abandonner à la capacité d’être bienveillant éloigne la froideur d’un constat sans humanité et sans âme. Je reste étonné d’avoir pu constater que là où je m’étais rendu afin de remettre un certain nombre de choses au point, m’être laissé aller à la bienveillance. Non par faiblesse ou par fuite, mais parce que s’y déployait quelque chose de l’ordre de la communion, de la bénédiction : une réalité autre, du beau qui surgit, des possibles de vie. »

 

Articuler institution et bienveillance

Comment pourtant articuler cette bienveillance avec cette perception du président, représentant de l’institution ? « L’institution ne gagne jamais à se présenter comme celle qui aurait la règle du bien-vivre et du bien devenir. Celui qui la représente a toujours intérêt à se placer dans la fraternité et l’écoute. Ma venue en tant que telle ne suscite pas la méfiance. Mais comme il est très difficile de reconnaître les difficultés qui font mal, ces dernières sont parfois projetées sur la personne qui représente l’institution. » Existe-t-il des limites à la bienveillance ? « Elle ne doit pas empêcher la parole juste qui peut ne pas être entendue, comprise, mais qui est à énoncer pour permettre d’aller plus loin. Sans regretter de l’avoir dite et sans se justifier non plus. Elle ne doit jamais être prononcée de manière autoritaire, mais toujours dans l’amour du prochain. »

 

Au sein d’un conseil presbytéral

La bienveillance ne peut commencer, que par l’écoute qui est le fondement de toute relation humaine et reste une belle preuve d’estime et de respect pour l’autre. Certes l’écoute permet de répondre à des questions, mais aussi de désamorcer bien des situations difficiles ou délicates, des conflits naissants, voire certaines souffrances. Là, elle est porteuse d’espérance et témoin de foi.

« Cela ne consiste pas qu’à écouter ce que l’autre dit, mais à l’entendre et donc le comprendre, c’est un accompagnement. Elle consiste à mettre en avant ses dires en l’amenant à approfondir sa pensée, tout en restant positif sur tous les sujets abordés, sans interpréter ses propos. Elle peut aplanir des difficultés et chercher des solutions. Elle n’est pas seulement la perception des besoins, mais d’abord un comportement à adopter. On dit alors empathie : se comporter de façon à ressentir les sentiments de l'autre sans se mettre à sa place, dans un lien de confiance sans idées préconçues pour aller ensemble vers des progrès communs. »

 

Propos recueillis par Éric TROCMÉ et Jean-Marie PÉRÈS,
journal Parole protestante en Basse-Normandie et président du Conseil presbytéral de Troye et Aube

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