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Jeunes et sexualité

Des lieux pour en parler simplement, sainement

01 février 2018

David Chareyron enseigne les arts plastiques en collège. Fort de son expérience d’éducation à la sexualité dans le cadre de l’Éducation nationale, il s’est engagé depuis cinq ans dans la « commission mixité » (CoMix) des Éclaireurs et éclaireuses unionistes de France (EEUdF). Nous l’avons rencontré.

L’école ou les EEUdF, veulent offrir un espace de parole sur les questions de sexualité et de prendre en compte, entre autres, l’isolement des enfants face aux questions qu’entraîne la vision d’images ou vidéos pornos auxquelles ils ont accès de plus en plus tôt. La pédagogie proposée par l’Éducation nationale à ce sujet s’est révélée très adaptée, mais si David regrette que ces cours ne soient pas plus valorisés, et restent compliqués à mettre en place.

 

Accompagner les jeunes vers une relation épanouie à l’autre (© Shutterstock)

Des images subversives

Les films pornos, certaines publicités, émissions télé ou clips vidéo donnent une image réductrice et trompeuse de la relation entre hommes et femmes : d’un côté le mâle dominateur, à la virilité toute puissante ; de l’autre, la femme soumise, prête à céder à tous les caprices de son partenaire, avec plaisir ou douleur. Les jeunes qui y sont confrontés absorbent dans leur inconscient une image fausse de la femme et de l’homme. La sexualité, présentée comme lieu de performance et de domination, devient source d’angoisse et de complexes, tant elle est éloignée de la réalité de leur corps. Moins attirées par ces films, les filles peuvent aussi intégrer qu’une relation « normale » à l’homme inclut la négation de ses propres désirs et de sa liberté de dire non. David insiste sur le fait que ces images crues, souvent spectaculaires, ne peuvent que rester prégnantes et venir parasiter (en imposant des normes) voire obséder (par le culte de la performance) les jeunes, à leur corps défendant, dans leur future vie d’adulte.

 

Le pouvoir de la parole

Une parade est d’offrir des moments de parole et d’écoute bienveillante, des espaces où les élèves se sentent assez en confiance pour poser les questions touchant à ce sujet intime, sans avoir peur d’être jugés ou moqués. Le professeur n’est pas là pour faire la morale, mais pour écouter, informer parfois, redonner du sens aux mots, rassurer, dédramatiser. Il accueille les questions sans tabou. Il aide l’élève à écouter ce qu’il ressent. Il oriente, recadre, replace la vie sexuelle dans une expérience relationnelle faite de plaisir bien sûr, mais aussi d’attention à l’autre, découte, de confiance, de respect.

 

Un enjeu de société

Pour David, ce qui se joue là, c’est la qualité de vie du futur adulte dans ses relations amoureuses et sexuelles avec l’autre. C’est très complexe, car la société elle-même est ambivalente sur ce sujet. Elle n’arrive pas à se libérer d’un modèle patriarcal profondément ancré qui ressurgit dans les lieux de pouvoirs, comme un retour de bâton, à chaque avancée féministe. La désinvolture des institutions face à la diffusion et la banalisation du porno n’en sont qu’un exemple.

 

Dans le scoutisme

Progressivement, chez les EEUdF, les temps d’éducation à la sexualité se banalisent. La pédagogie scoute, par son fonctionnement sur l’année avec des petits groupes qui apprennent à se connaître, sa valorisation de la bienveillance et le faible écart d’âge entre les responsables et les enfants, offre un cadre propice aux objectifs de cette thématique. Ils se sentent plus en confiance qu’à l’école et s’expriment plus facilement. Tout ce qui touche à la mixité est aussi abordé pour aider les jeunes à se construire sur des valeurs favorisant l’égalité et le respect, de soi et de l’autre.

 

 

 

 

En savoir plus

Un blog à conseiller aux enfants et petits-enfants : www.eeudf.org/paixetmixite/

Doris ZIEGLER,
journal Échanges

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