Jusqu’où la communion résiste-t-elle ?
Sommes-nous assez attentifs aux symboles que nous manipulons ?
Adolescent, j’ai vécu avec un ami ma première sainte cène célébrée avec de petits gobelets individuels. Ce jeudi, vécu dans une Église sœur lors de la Semaine sainte, nous avait conduits à vivre cette expérience nouvelle. Si elle s’explique par des préoccupations hygiéniques, elle a été pour nous l’occasion d’un bon fou-rire, loin de la solennité exigée par ce moment… Ces gobelets évoquaient plutôt pour nous des soirées-vodka que le dernier repas du Nazaréen !
Au cours de mon ministère, j’ai servi dans des Églises de tradition luthérienne qui pratiquaient l’intinction (tremper le pain dans la coupe) pour les mêmes raisons d’hygiène. Dans d’autres, l’implantation centenaire d’une section de la Croix bleue avait depuis longtemps déjà établi la pratique de la communion avec le fruit de la vigne sous ses deux formes : avec ou sans alcool. Avec ces deux coupes, les paroles d’explication de notre pratique locale pouvaient, pour certains, prendre plus d’importance que les paroles d’institution de la Cène dans la compréhension de ce qui se vivait là.
Récemment, j’ai vécu l’une des Cènes les plus troublantes de ma vie. Nous avions, dans cette Église, le choix entre du jus de raisin et du vin, de grands gobelets en terre communs ou de petits verres individuels, du pain levé ou des hosties. Quant au pasteur, il a pris part à la communion, une fois tout le monde servi, en buvant, seul, à une grande coupe en argent… Étions-nous, alors, encore en communion les uns avec les autres ?