La catéchèse par l’image contemporaine
Traditionnellement, les protestants sont assez rebelles à l’image et préfèrent l’expression personnelle par la musique ou l’écriture. Pas de statue, pas d’image dans nos temples où un vitrail, voire une exposition temporaire, relance des tensions !
Si pour certains, utiliser les images (celles des œuvres d’art plus particulièrement) conduit à une catéchèse novatrice, d’autres considèrent que la paternité du genre en revient aux réformateurs eux-mêmes.
Un tissu de relations
Chacun s’accorde à reconnaître le dynamisme d’une catéchèse par l’image. Elle utilise largement les productions picturales, faciles d’accès et nombreuses. Elle met en relation une œuvre et un texte biblique selon des méthodes pédagogiques adaptées : retrouver un texte à partir d’une œuvre ou, au contraire, chercher la meilleure illustration d’un texte biblique. Et les prolongements en sont nombreux, ludiques et créatifs : vitrail, poème ou prière, théâtre ou mime… ; partage entre eux, ouverture aux autres, parents et paroissiens… ; découverte d’autres lieux, d’autres cultures…
S’ouvrir à la vérité d’un autre
Nos plus jeunes vivent dans une culture du visuel, dans des arts nouveaux peu connus dans nos Églises. BD, street art, rap, mangas, jeux vidéo sont souvent plus parlants pour eux. Ils y exercent librement leur imaginaire. Ils construisent des rêves. Ils s’y reconnaissent et leurs œuvres contemporaines ne sont pas toujours ce que nous, adultes, qualifierions d’artistique ou d’esthétique. Ils savent y trouver une pensée de l’artiste, une histoire personnelle et son rapport au monde, sa quête identitaire, voire spirituelle. Si la beauté n’est pas le premier objectif, ils y détectent la vérité d’un autre et s’ouvrent ainsi, par l’image, un chemin vers le sens. Dans une étape de leur vie où ils sont eux-mêmes, souvent, en souffrance par rapport à leur propre image !
Un art adapté à son époque
Pour les catéchètes, le défi ce n’est pas l’image, mais bien le choix des images : abandonner tableaux anciens, icônes dont peu d’entre nous désormais connaissent les codes et les symboles. Proposer ce qui appartient au monde des plus jeunes, les amener à en exprimer le sens, l’intérêt, les éléments, faire formuler les questions ; savoir écouter et entendre, rebondir sur les paroles, retrouver le lien, la connexion avec la Parole dont eux-mêmes témoignent : voilà la grande difficulté pédagogique de notre catéchèse d’aujourd’hui.
D’expérience, des catéchètes racontent les réactions fortes des jeunes : désarroi devant la misère qui s’y exprime, découverte de la réalité d’un monde dur et peu accueillant, parfois si loin de leurs propres environnements. Ils disent l’attention apportée à l’analyse d’une œuvre, l’empathie dépassée pour un engagement. Ils rapportent l’intérêt suscité auprès des parents, les relations et les échanges repris, les compréhensions nouvelles. Ils se sentent semeurs, pleins d’espérance pour une moisson dont ils savent bien qu’elle ne leur appartient pas.
Ce qui importe à tous dans les démarches de catéchèse, c’est la notion de contemporain ; l’art est une forme d’expression et il s’adapte à chaque époque. C’est dans son propre monde contemporain, de là où il vit, en catéchèse et dans sa vie d’aujourd’hui, pour son présent et son avenir, que le jeune donne sens à la Parole et se prépare à la suivre.