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La Parole est à vous

Laisser place au respect et à la diversité par l’impro

01 mai 2018

La Parole est à vous est une initiative lancée il y a quatre ans par Amélie Thierry, alors en service civique auprès des Églises du Valentinois. Toutes les semaines, une petite troupe se retrouve pour travailler le théâtre d’improvisation. L’impro donne à chacun la parole, sans jugement ni hiérarchie. Si le projet est porté par les Églises de Valence 2 Rives, il n’est en rien un lieu d’Église – à moins que ce ne soit ça l’Église : laisser de la place à chacun… Alors, 5, 4, 3, 2, 1… Impro !

C’est un lundi qui hésite encore entre l’hiver et le printemps. Certains sont quand même venus à vélo, traversant le pont qui enjambe le Rhône et relie la Drôme à l’Ardèche, balayé par le mistral, d’autres ont organisé un covoiturage. Les conversations vont bon train : on échange des nouvelles, on vérifie que tout le monde avait bien reçu le message confirmant le rendez-vous de ce soir, y compris les absents. Ce lundi est un lundi de vacances scolaires et donc universitaires ; la moitié de la troupe étant encore étudiante, beaucoup ont profité des congés pour préparer les partiels, retrouver leur famille ou chausser des skis.

Amélie Thierry, initiatrice et formatrice de cette initiative (© Fanny Bombrun/LPEAV)

 

Amélie, la coach, propose un travail particulier ce soir-là, une nouveauté après avoir travaillé lors des rencontres précédentes sur les relations, puis sur les personnages : une grosse improvisation de 30 minutes. Certains sont nerveux à cette perspective ; ils n’ont que quelques séances de formation en théâtre d’improvisation. D’autres se réjouissent, se remémorant l’une ou l’autre séance des années précédentes. Bienvenue à une soirée de répétition comme les autres de La Parole est à vous, troupe de théâtre d’improvisation, portée par l’Église protestante unie, qui répète tous les lundis soirs au temple de Guilherand-Granges. Vous êtes prêts ? Alors, 5, 4, 3, 2, 1… Impro !

Tout le monde a sa place (© Fanny Bombrun/LPEAV)

 

S’accorder, soi, les autres et son environnement

Les répétitions commencent par un temps d’échauffement. Contrairement au théâtre classique, il n’y a évidemment pas de texte à apprendre. Alors, le travail consiste, comme au jazz, à travailler ses gammes à fond pour que l’improvisation puisse s’appuyer sur une base solide et s’articuler autour de situations et de moments déjà explorés. Et comme dans le jazz, les solos s’enchaînent entre les différents musiciens de l’orchestre. Il s’agit dans le théâtre d’impro d’être à l’écoute des autres, de leur partition pour y répondre par ses propres notes. Alors, l’échauffement commence par une prise de conscience de soi, de son environnement et une écoute des autres. Amélie propose de couper avec la journée, en invitant à une déambulation à travers la pièce qui servira à la séance du jour. Les uns et les autres marchent, se croisent, les regards s’échangent et les consignes s’enchaînent, modifiant le sens de la marche ou son style, on tape dans les mains, on claque des doigts… on met son esprit en alerte, sur le qui-vive, prêt à réagir aux situations et à ce que les autres transmettront.

On s’échauffe, à l’écoute de soi-même et des autres (© Olivétan/GM)

 

Permettre l’échange entre personnes d’horizons différents

L’échauffement se poursuit d’ailleurs en binôme : « tout se construit à deux, tout dépend de l’autre », souligne Amélie. Les binômes se composent au hasard, permettant aussi, au fil des séances de connaître des personnes d’horizons différents. Ce soir-là, par exemple, tous n’ont pas la même expérience en théâtre d’impro. Si Céline est de l’aventure depuis les débuts, il y a quatre ans, certains ne sont là que depuis un mois seulement, débarquant dans l’aventure suite au dernier stage organisé à l’occasion d’un week-end. Amélie confirme que ce brassage est bien au cœur de ce projet qu’elle a lancé pendant une année de service civique, au terme de son master en théologie. « L’idée de départ était de créer des occasions pour que des personnes de milieux, de cultures, et d’horizons différents se rencontrent et échangent sur des thématiques de fond. Le théâtre d’improvisation m’est alors rapidement apparu comme une voie des plus pertinentes pour rejoindre ces objectifs. En effet, cet art de la parole permet à tout un chacun de s’exprimer librement, de développer l’écoute mutuelle dans un espace où le jugement de valeur est absent pour ainsi laisser place au respect et à la diversité. »

 

Favoriser la rencontre au-delà du support de l’improvisation

La longue improvisation de 30 minutes est lancée. Les participants sont regroupés en trois groupes de deux ou trois. Un thème commun est défini : la fraternité, mais chacun des groupes l’abordera à partir d’une situation particulière : deux copines, des frères et sœurs au moment du partage de l’héritage paternel, des bénévoles dans une association d’entraide. Les groupes se succéderont, poursuivant leur propre histoire, mais rebondissant à un mot ou à une phrase prononcés par un autre groupe… 5, 4, 3, 2, 1… Impro ! Si les trois histoires se développaient initialement en parallèle, l’émulation a fini par permettre une cohérence entre les trois histoires et les trois groupes. Au moment du débriefing, Guillaume en témoigne : « ça s’enchaînait bien, ça donnait envie de rentrer ! » Même son de cloche auprès de Patrick : « j’avais envie de partager avec vous, de faire du lien. »

Faire du lien, c’est bien ce qu’arrive à faire La Parole est à vous, se mettant également au service d’associations ou d’événements de l’Église. Leur spectacle ImProtestants à l’occasion du synode régional a attiré un public nombreux et la sympathie de personnes extérieures à l’Église, comme des membres du synode ; sans doute le signe que le pari de cette troupe est gagné !

 

 

 

En savoir plus

Pour plus d’informations :

https://laparoleestavous.com

Gérald MACHABERT,
journal Réveil

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