Maison des sapins
Axelle et Benoît Ingelaere et leurs quatre enfants viennent d’emménager sur le Plateau ardéchois, à la Maison des sapins, à Devesset. Six ans après le départ de l’équipe communautaire de la Communion de Caulmont, qui s’était installée là quatre ans avant, les lieux vont à nouveau pouvoir s’ouvrir à un embryon de vie communautaire et la Maison des sapins redevenir un lieu d’accueil en liberté et de retraite spirituelle. Petite balade dans ce coin à la frontière entre l’Ardèche et la Haute-Loire.
Benoît Ingelaere est pasteur de l’Église protestante unie de France, son épouse Axelle, masseuse-kinésithérapeute. Il y a quatre ans, au terme de son ministère en paroisse à Uzès, Benoît et son épouse se sont posé la question de vivre une nouvelle forme de ministère, dans l’accueil des personnes, leur écoute. Ils imaginent alors de se lancer dans l’aventure d’une vie communautaire, mais souhaitent se donner du temps pour mûrir ce projet et pour rechercher une maison qui pourrait accueillir ce nouveau projet. Benoît a suivi pendant trois ans la formation à l’écoute et à l’accompagnement dispensé à l’Institut protestant de théologie de Montpellier en vue de ce ministère qu’ils souhaitent vivre à deux et en famille. Alors que Benoît vient de changer de poste pastoral et d’arriver à Béziers, il est sollicité par Bernard Kornig, prieur de la Communion de Caulmont, qui lui demande d’accompagner la Communion dans l’audit de la Maison des sapins, où il n’y a plus d’équipe communautaire depuis deux ans déjà. La Communion doit-elle conserver cette maison alors qu’elle n’a pas vocation à faire de l’hébergement seul ? Y a-t-il encore un sens à ce que cette Communion de 300 familles engagées vivant en France et en Europe possède un tel lieu si ce n’est pour y vivre ou que quelques-uns y vivent une vie communautaire tournée vers l’accueil de ceux qui recherchent un lieu de halte et de respiration ?
La joie de l’œcuménisme
En 1970, Bernard et Myriam Kornig ont 26 et 22 ans. Lui sort de la faculté de théologie protestante de Paris. L’Église réformée accepte qu’ils expérimentent pendant un an un projet « d’accueil et de loisir ouvert à tous, autour d’une petite équipe communautaire, en référence à Jésus-Christ ». La paroisse de Fives-Lille met à disposition les locaux de sa colonie de vacances du hameau de Caulmont, dans l’Oise. Deux ans plus tard, la Communion de Caulmont est créée par vingt équipiers protestants et catholiques qui signent avec les trois résidants la première charte. Le ministère de Bernard sera reconnu par l’Église réformée de France en 1974. Encore deux ans plus tard, en 1976, Caulmont quitte l’Oise pour la Normandie. Une nouvelle aventure commence autour d’une équipe de résidants qui se renouvelle et se modifie, jusqu’à sept adultes et onze enfants, catholiques et protestants, qui recherchent une vie commune autour de la prière. En 1984, Caulmont accueille même la petite communauté des religieuses bénédictines de Fécamp qui habiteront pendant huit ans avec les résidants de la Communion.
L’accueil devient central
Dans les années suivantes, avec les départs et les décès, l’équipe des résidants se restreint. Du coup, la capacité d’accueil se développe jusqu’à 50 lits. La vieille demeure sera mise aux normes de sécurité pour accueillir jusqu’à plus de 2000 hôtes chaque année. La Communion est de plus en plus marquée par l’esprit de « l’accueil en liberté » qu’elle définit ainsi sur son site Internet : « Seul, en couple, en famille, chacun-e peut être accueilli-e. Sans condition confessionnelle ou religieuse. L’accueil en liberté c’est accueillir le non-chrétien comme le chrétien, le mécréant comme le bigot, sans poser de condition, sans poser de question. C’est aussi laisser beaucoup d’espace et de souplesse dans les horaires, les formes et les conditions d’accueil. »
Mais en mai 2005, alors que le grand chantier de mise aux normes se termine, un incendie détruit entièrement l’hôtellerie. Un temps de doute commence alors pour la Communion… Puis, en 2007, Caulmont quitte les ruines normandes pour s’implanter en Ardèche, à Devesset, avec des nouveaux résidants : Irène et Roland, Simone et Marc et leurs enfants. En 2008, Myriam et Bernard, les fondateurs, s’installent à Saint-Pierre-la-mer dans un « prieuré-presbytère » avant qu’en 2011, les derniers résidants quittent la Maison des sapins. Aurélie et David prennent le relais pour tenir la maison de Devesset, ouverte et accueillante, mais il n’y a plus sur place de vie communautaire pour accueillir le projet de la Communion en lui-même. Si depuis les origines, 51 adultes et 27 enfants se sont succédé à Caulmont, l’aventure d’une vie communautaire semble prendre fin…
Réouverture à la Pentecôte
Du côté de Benoît et Axelle, une sorte de déclic se produit avec cet audit qui vient rencontrer leur projet personnel de ministère d’accueil. Benoît se donne encore le temps de poursuivre son ministère à Béziers quelque temps, alors qu’il vient d’y arriver et que le conseil presbytéral vient d’être totalement renouvelé. C’est aussi le temps de discuter de ce projet avec l’Église protestante unie de France, qui reconnaîtra que la Communion de Caulmont partage la même mission d’annonce de l’Évangile qu’elle et pourra ainsi accorder à Benoît un statut de « ministre envoyé » au sein de cette Communion, comme l’Église réformée l’avait fait 45 ans plus tôt pour Bernard Kornig.
Fin avril 2017, la famille Ingelaere a quitté le soleil de l’Héraut pour trouver les dernières chutes de neige de l’année du Plateau ardéchois. En plus du déballage de leurs propres cartons, il reste quelques travaux et aménagements à effectuer dans la Maison des sapins pour que la saison puisse ouvrir, le 5 juin, et qu’une nouvelle page se tourne, avec cette nouvelle génération, pour la Communion de Caulmont.
En savoir plus
Journée de réouverture de la Maison des sapins
Lundi 5 juin
16 h : accueil
18 h : temps de prière et de fraction du pain
Invitation à tous
Temps de prière commune, tous les jours à 11 h 30 et à 18 h 30.
Renseignements
www.caulmont.com