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Littérature et cinéma

Quand les anges s’en mêlent

01 décembre 2017

Mais où sont les anges d’antan ? La création artistique a si largement modifié le rôle de l’ange que nous ne savons plus ce qu’ils sont.

Dieu n’est pas forcément un gars sympa… Rebelles contre ce Dieu de l’Église qui fait souffrir son propre fils et l’abandonne à Gethsémani, avec ses larmes de sang, les auteurs romantiques détournent la figure de l’ange. Sous leur plume, les anges trouvent plus agréable la compagnie des hommes et compatissent, à la place de ce Dieu qui châtie par pur sadisme.

Dans Éloa, ou la sœur des anges, Éloa est ange née d’une larme de Jésus versée pour Lazare, qu'Alfred de Vigny conduira jusqu’aux enfers, contre la volonté de Dieu, pour sauver Satan, ange injustement déchu… Quant à Victor Hugo, il affirme qu’au jugement dernier, Dieu devrait être le seul prévenu, le seul accusé !

La trapéziste des Ailes du désir

pour qui Bruno Gantz perd ses ailes

© DR

Un ange sans Dieu

Ainsi, il y a longtemps que la littérature s’est dégagée de l’image de l’ange biblique, soumis à Dieu, qui fait des allers-retours entre la terre et le ciel… Désormais, l’ange s’est rangé du côté de l’homme et, ce faisant, il en a absorbé les pesanteurs, témoin désespéré et mélancolique de l’état d’un monde qui va à son anéantissement…

Plus tard, au temps des expressionnistes, dans le tourment de la Première Guerre mondiale, l’existence même de Dieu est enterrée sous les charniers des combats… L’ange, lui-même moribond, dévoré par les mêmes tourments que les humains, sans Dieu, tente encore de croire en l’humain : la cruauté humaine l’amène à ce cruel constat que c’est peine perdue… Georg Trakl et ses contemporains lui font pleurer des larmes de sang, quand il n’a pas les orbites vides !

 

Il est bien plus beau d’être un homme

L’ange cinématographique, plus récent, semble plus optimiste que son frère littéraire. Confronté, lui, à la Seconde Guerre mondiale, il vient, au sortir du conflit, rappeler qu’une vie humaine est irremplaçable, que la vie est belle… dans le film du même nom de Franck Capra !

Une certaine mélancolie douce le rattrape tout de même, Dieu s’en va et l’homme lui reste au cœur. Dans Les ailes du désir de Wim Wenders, l’ange assiste au quotidien des hommes dans Berlin enlaidie par le Mur ; il recueille avec une infinie délicatesse les joies et les tristesses des passants ; en toute conscience, il franchit la frontière, délaisse ses propres ailes pour celles, pas si fausses, d’une trapéziste qui vole sous un chapiteau : s’il est beau d’être un ange, il est bien plus beau d’être un homme, de sentir, de ressentir, d’aimer, d’abattre les murs…

Le cinéma a gardé l’ange, même sans Dieu, pour dire la beauté et la bonté de l’être humain, sa capacité à résister à l’horreur, à construire, à espérer.

 

Le petit écran met en scène de gentils et espiègles anges gardiens qui interviennent positivement dans la vie des gens. Récemment, nous viennent des États-Unis quelques séries avec anges : Gabriel profite de l’absence de Dieu pour chercher à détruire l’humanité (Dominiom) ; ou encore (Lucifer), après avoir relégué sa femme aux enfers, il ne pense qu’à asseoir sa puissance.

 

Corinne SCHEELE,
pasteure à Voujeaucourt

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