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Insidieuse publicité

Scandaleusement sexiste

01 février 2018

Peut-être parce que nous avons pris le parti de ne même plus les regarder, nous ne voyons plus le côté scandaleux de certaines publicités qui martèlent littéralement des messages sexistes. Il est temps de les décrypter devant les plus jeunes, et de les dénoncer.

Il y a cinq ans, sur un immense panneau publicitaire, une jeune femme en bikini est couchée à plat ventre sur les éléments d’une cuisine. Un homme, debout derrière elle, lui verse de l’huile d’olive sur le dos. Slogan du cuisiniste : « Sea, soldes and sun » (mer, soldes et soleil). J’en parle autour de moi. Étrangement, cette pub ne choque guère. Elle est même trouvée plutôt marrante. Quelque temps plus tard, à Paris, dans chaque station de métro s’étale sur les murs la campagne publicitaire d’un célèbre grand magasin : une femme nue, corps huilé et auto bronzé, petite culotte accrochée au gros orteil gauche, sourit à des passants qui, pour la plupart, ne voit là rien de mal.

 

Même les images innocentes font passer les messages subliminaux ! (© pixabay)

Repères faussés

Ces deux exemples parmi tant d’autres montrent que, si depuis 1968 les femmes ont accédé à de nouvelles et parfois lourdes responsabilités, cette émancipation s’est accompagnée d’une perte de repères. « À l’heure où beaucoup estiment que les rôles traditionnels sont ébranlés, ce rite est une occasion de réaffirmer l’ordre social, d’assigner chaque personne à son genre » et son rôle. C’est ainsi que certains sociologues interprètent le désormais incontournable « Enterrement de vie de jeune fille ou garçon ». Quant au bon accueil fait par les femmes aux livres et films prônant la soumission des femmes via des pratiques sexuelles sadomasochistes, des sociologues comme Sylvie Lavallée estiment que cette soumission permet aux femmes de s’abandonner totalement, tant physiquement que mentalement. Elles opéreraient ainsi « une forme de déresponsabilisation ». Cette soupape de sécurité leur permettrait de se replonger dans des repères confortables.

 

Culture du viol

La publicité va plus loin. Par son biais, la femme est constamment représentée nue, dans des photos retouchées : espérons que la récente loi fera bouger les choses ! Dans des positions lascives, elle sourit au passant. Un peu comme si elle s’offrait à son regard et à son désir, perpétuant ainsi l’idée qu’elle n’existe que pour assouvir les pulsions et les envies sexuelles du mâle. Celui-ci au contraire est mis en avant par sa musculature, sa force, sa dureté. Les publicités reconduisent l’idée que la femme ne saurait être que la fragile et obéissante soumise de son partenaire. Hommes et femmes sont ainsi enfermés dans des images millénaires que les grandes entreprises utilisent pour vendre leurs produits... Mais le plus grave est dans le message véhiculé : la femme s’offrant à l’homme, dont elle admire la force, celui-ci n’a plus qu’à la prendre. Elle est, en soi, un objet de consommation. C’est une véritable « culture du viol » qui est ainsi distillée. La multiplication des viols dans notre société peut, en partie, s’expliquer à partir de cette culture. Il est temps de le reconnaître et de lutter contre !

 

Christophe JACON,
journal Ensemble

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