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Ainsi passe le temps

Un livre sur le sable

16 janvier 2024

La notion de passé est illusoire. Ce qui se passait il y a 2 00, 10 000, 100 00 ans est tout aussi présent que ce que nous appelons présent.

L’éclat métallique, et sans ride, de l’eau des marais ©AS

L’homme de ma combe se retrouve dans les environs de Villeneuve-les-Maguelone, au milieu d’un groupe de marcheurs. Le bleu du ciel s’établit peu à peu à la sortie de la nuit. Au fur et à mesure que le soleil monte dans le ciel, le vent diminue sa présence jusqu’à ne plus être le sujet des conversations. L’éclat du jour réduit l’eau des étangs à de grandes surfaces glacées, figées sous un ciel impavide. Le bruit des pas s’évapore et notre esprit s’imprègne de la sérénité du lieu. Pas de cliquetis, pas de souffle, pas de sons de voix, le groupe de marcheurs se coule dans une discipline respectueuse de l’environnement. Le silence aspire les pensées de chacun. Le balayage des cerveaux reflète l’immobilité visuelle. D’un seul bloc, le groupe obéit à la volonté du responsable.

Quittant l’horizontalité des marais, les marcheurs grimpent sur une hauteur qui les amène au bord d’une anfractuosité rocheuse : le creux de Miège. Ce lieu aurait été occupé durant la Préhistoire. Proche de la mer, les premiers hommes s’y réfugiaient, à l’abri de la vie sauvage qui les entourait.

 

« Nous voilà face à la Mémoire du Temps », écrirait Daniel Meurois dans son livre, « Le Chamane et le Christ », Mémoires amérindiennes, éditions Le Passe Monde, Québec.

 

Nous essayons de nous identifier dans le monde du non-être. L’homme essaie de se néantiser Il essaie de se désengluer de l’être, pourrait écrire Jean-Paul Sartre dans « L’être et le néant ». Peut-on ajouter que l’homme fait éclore le néant ? L’éclat métallique, et sans ride, de l’eau des marais agrémente ce sentiment. Ce site pétrifié dans la terre depuis des millénaires (vitrifié dans nos mémoires) est comme un livre oublié sur le sable d’une plage. Les humains ne sont que des locataires de la planète Terre. Ils se figurent laisser la trace de leur passage, mais celle-ci est vite phagocytée par la force de vie qui meut la Terre. « L’homme échappe à l’ordre causal du monde », poursuivrait Jean-Paul Sartre. Peut-on dire que l’homme fait éclore le néant ?

Le livre posé sur le sable, sera vite ballotté par les vagues, désarticulé par l’eau, puis dissous dans l’immensité de l’onde.

La prétention de l’espèce humaine est vite ramenée à l’apparente simplicité des origines, au boson de Higgs révélé par la physique quantique.

Le tay des cimes

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